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CAUSERIES

dépêchent au printemps de venir reprendre possession de leur joli petit îlot de verdure où ils sont si tranquilles.

Il est probable que beaucoup d’oiseaux sauvages ne demandent pas mieux que d’habiter parmi nous, à la simple condition de les laisser vivre. Ainsi, la cigogne ; y a-t-il à douter ses intentions ? Elle niche chez nos voisins les Suisses, les Allemands, les Hollandais : pourquoi ne construirait-elle pas également son nid chez nous ? L’y décider est bien facile : lui donner un nid, laisser croître ses ailes, et surtout-ne pas la tuer comme on le fait en France.

La grue, ce splendide échassier qui vole presque comme un vautour, ne ferait probablement pas beaucoup plus de difficulté que la cigogne ; et il en serait de même d’une foule d’autres insoumis.

On pourrait faire encore bien plus beau et bien plus intéressant.

J’ai bien souvent pensé et envié voir réaliser un autre procédé que j’ai baptisé en moi du nom d’Ornithorium. Voici en quoi il consiste :

Si on disposait dans des rochers factices, quelque chose, mais en plus grand, comme le parc des Buttes-Chaumont, soit sur les bords de la mer soit sur les rives des lacs d’eau douce, comme celui de Genève ou ceux de l’Amérique du Nord, des nids bien placés pour y nicher, il est probable que les oiseaux marins pourraient y vivre heureux et s’y reproduire ; seulement, il faut qu’ils s’y sentent tout aussi en sécurité qu’ils le sont sur les falaises où ils sont nés. − Sur les bords de l’Océan, je suis persuadé qu’on acclimaterait : stercoraires, fous, cormorans, et même l’albatros. La nourriture de toute cette gent ailée coûterait bien peu : la mer serait là pour le principal repas. Lorsque ces oiseaux auraient compris que sur ce point on ne les