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CAUSERIES

de l’Empire de l’air. Il est fini depuis dix ans et n’a jamais été essayé ; ce sera un moyen de le faire servir à quelque chose. Il nous fera voir la tournure qu’aura en marche l’aéroplane capable de porter un homme.

On a beaucoup parlé de l’indispensabilité de la plume pour la reproduction du vol ; et, pour beaucoup de personnes, elle est une condition de la station dans l’air. Malgré que je me sois incliné bien bas devant cette merveille, je suis persuadé qu’elle n’est pas indispensable. La membrane a fait mieux et plus grand dans le vol, que la rémige ; les grandes surfaces des ptérodactyles du Jurassique n’ont pas encore été atteintes par la plume et, comme perfection d’effets produits, nul être emplumé ne peut lutter, comme difficultés fournies et exécutées, avec les chauves-souris de petite taille.

Oh pourrait mettre en parallèle les soui-mauga et les colibris, mais on aurait tort ; ces deux oiseaux reproduisent le vol de l’abeille, l’immobilité par le battement. Les chauves-souris, même de forte taille, font souvent cet exercice. Toutes les fois que les roussettes ont à choisir des fruits, elles font leur choix de cette manière. Mais qu’est cette manœuvre, que le premier tiercelet venu fait vingt fois par jour, à côté des mille crochets de la pipistrelle ? — Le plus terrible ennemi de l’insecte, celui auquel il ne peut absolument pas échapper, est la chauve-souris.

Le vol peut donc se passer de la plume. Nous nous servirons forcément de la membrane ; nos appareils seront disgracieux, mais ils voleront.

Beaucoup de personnes ne peuvent admettre que l’appareil qui véhiculera l’homme dans les airs soit aussi lourd que cela. Pour elles, leur rêve est autre. Elles comprennent le vol. dans le genre de celui du rameur, pas même du gros rameur qui est lourd, qui se pose pesamment, mais quelque chose comme la ma-