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LE VOL SANS BATTEMENT

tuellement Bessé, dans la Sarthe, — mais il revit les deux fils cadets, Amédée et Henri. Ce fut à la fin de la guerre de 1871. Habitant alors à Bruxelles, il s’était rendu à Genève pour y retrouver Mme Ernest Daudet, restée dans le Midi pendant la guerre et la ramener en Belgique. À son arrivée, la ville de Genève se trouvait bouleversée par le retour de l’armée de Bourbaki, qu’un inconcevable oubli de Jules Favre avait fait négliger lors de la conclusion de l’armistice, et qui se réfugiait en Suisse. Dans cette troupe lamentable, M. Ernest Daudet reconnut Amédée et Henri Mouillard, et les fugitifs virent venir comme un sauveur leur ancien compagnon de jeunesse.

Jean Mouillard ayant laissé de vastes terrains situés aux portes d’Alger, son fils Louis décida de les exploiter. Il emmena avec lui son plus jeune frère, Henri.

Amédée, le mathématicien, partit chercher fortune de son côté. Il fut successivement dessinateur à la maison Siemens, de Berlin, puis ingénieur en Abyssinie. C’était un esprit curieux et précis. Il fit diverses inventions intéressantes en mécanique et en électricité, et en particulier prit un brevet pour un appareil de télégraphie. Il est mort en 1903.

Voici donc Louis Mouillard et son jeune frère installés dans une maison de Mustapha, et occupant leur temps à surveiller des bestiaux dans la grande ferme de la Mitidja. Les idées qui hantaient le cerveau du chercheur devaient trouver là un admirable champ d’expériences. Le voici en pleine campagne. Non plus restreint à la volière perchée sur les toits, son observation s’étend sur l’immensité sans bornes. Dès lors les recherches ne se limitent plus à l’étude de l’aigle et des quelques oiseaux qui se risquaient dans les jardins de