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L’ŒUVRE IGNORÉE DE L.-P. MOUILLARD

sembler bien rude à des êtres chez lesquels le cœur prenait tant de place ! Louis Mouillard, cependant, conservera par la suite quelques relations avec Alphonse Daudet. Il lui écrit à plusieurs reprises du fond de sa solitude, et quand naîtra la misère, l’homme de lettres viendra discrètement en aide au rêveur malheureux dont la pauvreté s’effarouche.

M. Ernest Daudet, qui mit un exquis empressement à rappeler ses souvenirs les plus lointains lorsque je l’interrogeai sur la famille Mouillard, m’apprit que les relations épistolaires de son frère et de Louis Mouillard durent être à partir de cette époque les seules attaches des deux familles dont l’intimité avait jadis été fort étroite. Ce n’est que de loin en loin que l’on se rencontrera ; et tant d’inconnues s’amoncellent sous les années, tant de liens se dénouent !

Adèle Mouillard, mariée, devenue Mme Teillart, a quitté Lyon, que déjà ses deux frères n’habitent plus. Quelques années après son mariage survenu en 1868, Alphonse Daudet vit arriver à Paris, chez lui, une jeune femme qui s’écria : « Vous ne me reconnaissez pas ? je suis Marie Mouillard. » Et l’ancien camarade de Louis, devenu homme de lettres célèbre, passa quelques heures à échanger avec émotion des souvenirs de la vie à Lyon. Marie Mouillard, la jolie Marie Mouillard, − car elle était d’une remarquable beauté — venait d’épouser M. Desprès, marchand de cuir en gros. Elle revint encore voir Alphonse Daudet dans son appartement de l’avenue de l’Observatoire, en 1873, à un nouveau voyage à Paris. Mme Desprès, veuve depuis 1880, vit encore. Elle habite Lyon, chez sa fille, Mme Clémenso. Son fils a épousé une cousine germaine de M. Herriot, maire de Lyon. M. Ernest Daudet ne se souvient pas de Marguerite, qui était trop jeune à son départ de Lyon, − Mme veuve Barthaud, née Marguerite Mouillard, habite ac-

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