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LE VOL SANS BATTEMENT

gymnastique et un entraînement particuliers. Le lecteur qui aura fait des études sérieuses sur ce qu’on nomme, en dessin de figure « la ligne » me comprendra ; pour ceux qui n’ont pas poussé jusque là je dirai simplement qu’il faut d’abord avoir une belle vue, puis l’amour de cette étude.

Généralement, on ne se sert pas de ses yeux, on ne voit rien, on est distrait. Il faut que l’oiseau vienne positivement vous heurter pour qu’il éveille votre attention ; tandis que, quand on est né ou devenu observateur, un rien, un point qui passe là-haut avec une tournure qui n’est pas naturelle attire votre regard.

Cet oubli de voir ce qui existe, cette paresse de l’œil même bien conformé, est extrême ; c’est à confondre celui qui sait voir. Les pays dépourvus d’oiseaux en ont cependant suffisamment pour permettre l’étude du vol, ce n’est pas précisément là qu’est l’écueil, il est dans l’inattention de la vue. Ainsi on peut voir en Europe l’ascension par le planement produite dans de mauvaises conditions, c’est vrai, mais enfin fournie d’une façon exacte par la crécerelle, et cela en pleine ville, par certains jours de changement de temps. Le vol de parcours plané n’est pas plus rare ; dans chaque port de mer on peut l’observer toutes les fois que le vent est un peu vif ; par une bonne brise, les oiseaux marins rament peu. Ces deux exemples d’oiseaux faciles à rencontrer démontrent le vol de parcours et l’ascension ; quand l’observateur aura aperçu ces deux genres de locomotion, lorsqu’il aura saisi leur économie, lorsque seulement il sera persuadé qu’ils existent, il se dira alors qu’il y a des oiseaux qui font mieux ces exercices que ceux qu’il étudie ; qui, par le fait de leur grosseur sont plus aptes à fournir une démonstration plus facile à analyser ; alors, il cherchera à voir ces gros volateurs et le sentiment de l’observation sera né chez lui.