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CAUSERIES

de paires d’un seul coup. Comme manger c’est un gibier.

Les rameurs même les plus rapides vont donc lentement dans l’air calme. On a toujours des tendances à exagérer leur vélocité. Quant aux voiliers c’est encore pire. Le milan vise à planer sur place, le vautour a le même but et y réussit ; c’est donc l’envers de la vitesse.

Dans certains cas, qu’on ne considère généralement pas comme des exceptions, il y a des tours de force qui sont produits. C’est surtout dans les pays montagneux que ce mode de locomotion fait des effets extraordinaires. Ainsi, dans la montagne, les routes sont excessivement sinueuses, et le chemin de l’air est droit ; une contrée accidentée, comme la Suisse ou la Savoie par exemple, demande pour être traversée sur terre un temps très long ; par la route de l’air c’est peu de chose : de là l’illusion.

Malgré toutes ces considérations sur la lenteur des êtres ailés il n’en reste pas moins qu’il faut 8 à 10 mètres de rapidité par le calme pour être porté par un aéroplane à grande surface, ce qui est encore trop pour que, sans éducation préalable, l’homme ose s’y livrer.

Il a été dit plusieurs fois dans ces deux études que plus la surface augmente pour une charge donnée, plus le ralentissement croît. Ce ralentissement produit une très curieuse impression, c’est encore un effet inconnu de l’entendement usuel et sur lequel il est bon d’insister.

Une flèche de grande taille, de deux mètres carrés de surface et du poids de 3.500 grammes va avec une vitesse d’environ cinq mètres à la seconde dans l’air immobile. Un aéroplane de 5 mètres d’envergure et de 4 mètres carrés de surface est d’une lenteur singulière dans sa marche. J’ai cet appareil tout construit depuis