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LE VOL SANS BATTEMENT

en comprend, dis-je, quelle facilité on doit avoir pour se mouvoir par le temps calme, condition expresse de l’emploi de cet appareil. Mais cette condition est facile à trouver dans les beaux jours de l’été ; il n’y a guère que les sommets sur lesquels le calme ne s’établit pas. Dans les vallées à mi-côte, on rencontre très souvent, dans la saison chaude, cette immobilité de l’atmosphère que nous recherchons pour cet appareil.

On voit quelle facilité de se mouvoir on possède avec cet engin. Les flancs perpendiculaires des montagnes alpestres n’existent plus. L’ascension fatigante est annulée. On se précipitera avec enthousiasme dans le vide, et on abordera sans grand effort sur le flanc opposé. Une descente du Mont-Blanc devient un jeu tout comme sa montée. Là, plus de crainte de l’avalanche, et mieux, on joue avec l’abîme.

Coût, quelques centaines de francs.

Il y aura bien un revers à la médaille, mais il n’est pas bien déplaisant. L’écueil, c’est le vent ! L’ascension n’est certainement pas faisable à heure ni même à jour fixe ; à cela on lui répond en choisissant bien son temps et son heure. La matinée, jusqu’à dix heures, est très souvent utilisable, et en six heures, on fait bien du chemin et on voit bien des choses. Si cependant on était pris par un courant d’air gênant, il resterait toujours le moyen de se délester et de fuir avec lui. On irait tomber loin, on serait un peu dépaysé, mais le cas ne serait pas mortel.

Pour pouvoir présenter toujours le visage au point vers lequel on se dirige, il faudra se munir d’un bambou fin et long de 5 à 6 mètres, à l’extrémité fine duquel sera fixée une palette, d’un mètre environ de longueur sur cinquante centimètres de largeur. Cette palette légère, en étoffe tendue sur un léger bâti, servira de gouvernail. Il sera facile, avec un faible effort sur ce long