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BALLON ALPESTRE


Je m’étais bien proposé de le construire ; mais, pour cela comme pour beaucoup d’autres choses, je n’ai pas dépassé l’intention. Ce qui prouve qu’on ne fait pas tout ce que l’on veut dans la vie de ce monde.

Dans ma jeunesse, j’ai beaucoup parcouru les pays montagneux : Bugey, Suisse et Savoie. Il m’est arrivé bien souvent d’être obligé de faire plusieurs lieues pour franchir seulement en droite ligne moins d’un kilomètre. Cette dépense inutile de temps et de force m’irritait. Quand je pensais que le point que je voulais atteindre était là en face, à un jet de pierre, et que, pour Y arriver, il me fallait plusieurs heures de marche pénible, il me venait à l’idée de chercher à esquiver cette difficulté.

Le besoin crée l’outil.

J’avais donc pensé construire un ballon ainsi fait :

Faire en soie très fine, très légère et parfaitement résistante, un petit ballon de cent et quelques mètres cubes. L’imperméabiliser de la manière la plus absolue possible ; faire en somme qu’il puisse fonctionner sans perte trop sensible pendant une journée. Lui mettre un filet en cordonnet de soie pour éviter la charge : en somme, produire un ballon où rien n’a été épargné pour bien faire. Cela est facile au reste, il n’a que six mètres de diamètre : c’est presque un jouet.