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LE VOL SANS BATTEMENT

un si bel oiseau ! et, surtout, si bon cuit à la broche que je m’ingéniais à pouvoir l’approcher.

L’idée me vint d’utiliser le cerf-volant ; voici comme je m’y suis pris :

Je construisis une carcasse d’oiseau les ailes étendues en osier et roseaux de quatre mètres d’envergure. Cela simulait tout à fait un gros aigle. Il fut recouvert de papier sur lequel je peignis l’oiseau avec toutes ses plumes.

Ce cerf-volant d’un nouveau genre avait trois cordes, une à la naissance de la queue et les deux autres attachées aux jointures des ailes. Ces trois cordes étaient à l’autre bout fixées au trois branches d’un trépied. Je décris cet appareil, malgré sa rusticité, pour faire comprendre le principe qui permettait de reproduire les évolutions de l’oiseau qui plane.

Il est admis qu’à la campagne on fait comme on peut. J’avais donc jeté mon dévolu sur un guéridon de jardin à trois pieds qui était assez léger. La colonne qui supportait la table fut sciée au ras du moyeu dans lequel s’encastrent les pieds, et elle-même fut coupée quarante centimètres plus haut. Le moyeu fut troué bien au milieu, et fut transversé par une forte vis de quinze centimètres de longueur, qui elle-même fut vissée dans ce tronçon de colonne. Le trou du trépied était légèrement plus grand que la vis ; il tournait donc librement sur cette âme, vu surtout qu’il était parfaitement graissé. En tenant à deux mains ce tronçon de colonne, il était facile de figurer le plan utile à la présentation au vent du cerf-volant, plan qui se reproduisait sur l’aigle en papier par la tension des cordes.

Pour me servir de cet engin, je faisais transporter le cerf-volant au sommet de la maison, j’étendais les cordes, je prenais en main le trépied et, sans corde maî-