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L’ŒUVRE IGNORÉE DE L.-P. MOUILLARD

donné d’intéressants renseignements sur cette période de sa vie. (Ce vieillard est actuellement dans la maison de retraite des Frères, à Cahure. Après avoir été élevé aux Lazaristes, il y professa d’une manière remarquable l’histoire naturelle pendant une cinquantaine d’années, jusqu’en 1904, où un décret expulsa les Congréganistes du pensionnat.)

« Louis Mouillard était alors un adolescent alerte, débrouillard, très spirituel. Il avait du goût pour les sciences et aidait parfois le Père Nicanor dans ses expériences de physique et de chimie. C’était un chercheur. Il examinait depuis longtemps le vol des hirondelles et des martinets, mais personne ne soupçonnait le parti qu’il voulait en tirer. »

A ses qualités d’intelligence, Louis Mouillard joint déjà un sang-froid exceptionnel, dont il donnera tant de preuves dans la suite. Le vénérable Frère Onésime me donne cet exemple de sa présence d’esprit :

« Un jour il se barbouilla la figure avec de l’huile dans laquelle on avait fait dissoudre à chaud du phosphore ; l’amphithéâtre était dans l’obscurité. Sa figure apparut tout-à-coup phosphorescente, mais quelques instants après, nous aperçûmes quelques points plus brillants : c’étaient des parcelles de phosphore non dissoutes qui prenaient feu ; au lieu de s’épouvanter et de se frotter, remède pire que le mal, il plongea immédiatement la tête dans la cuve à eau qui était devant lui et tout s’éteignit. »

Louis Mouillard est devenu bon élève, intéressé à son travail, sauf en ce qui concerne les mathématiques, qu’il néglige, ce dont il souffrira plus tard et qu’on lui reprochera comme une tare.

Il touche au point culminant de l’instruction qu’il devra à son collège. Ses principaux maîtres sont le Frère Nicanor, professeur de physique et chimie, mort en