Page:Le vol sans battement.pdf/366

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
358
LE VOL SANS BATTEMENT

moins de quarante degrés de diamètre. En frappant de droite à gauche, et de haut en bas, le cerf-volant se dirige à droite et vice versa. Pour le faire monter, ils retirent vivement la ficelle, et pour le faire descendre, pour voler bas, ils en lâchent beaucoup.

Ils sont arrivés à produire des faits intéressants dans cet ordre d’idées. Ainsi ils ont le cerf-volant chanteur — hurleur serait plus juste — qui est de forme carrée, et qui a, une lame vibrante en papier, montée sur les barres de la tète. D’autres fois, ils font monter excessivement haut sept ou huit de ces jouets attachés les uns après les autres à la même corde ; dans ce cas la difficulté est de trouver le point d’attache juste.

Ils ont trouvé l’immobilité en attachant la queue à une corde lâche dont les deux bouts sont fixés aux deux angles du bas d’un cerf-volant carré ; dans ce cas, le bas du carré et la ficelle forment les trois côtés d’un triangle isocèle. Ils ont encore d’autres dispositions pour entraver la mobilité de ce jouet : ainsi ils attachent une longue queue à l’autre angle, ce qui donne beaucoup de fixité à l’appareil.

Ils s’amusent en plaine à lui faire traîner une pierre, un petit chariot. En faisant monter en l’air un mouchoir plein de gravier, ils parviennent au moyen de secousses à le faire tomber chez les voisins.

Mais la plus curieuse de leurs créations dans ce genre est le Tcharpïn (polisson) : c’est un cerf-volant petit, excessivement mobile, et surtout bien conduit. Ils le lancent sans aide, comme une fronde, en trois mouvements. C’est avec ce jouet qu’ils décrochent les linges étendus aux fenêtres (il y en a souvent en Orient), attaquent même les passants, enfin font toutes ces farces de la rue qui leur ont valu une réputation dans toute l’Asie Mineure.

Le Tcharpïn n’a pas plus de vingt mètres de corde.