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LE VOL SANS BATTEMENT

jeune homme qui montait l’escalier de la tour, embarrassé d’un appareil étrange. Il le fit descendre et, par prudence, confisqua ses ailes.

De cette époque datent les relations du jeune Louis Mouillard et du futur auteur des Lettres de Mon Moulin. Mouillard et Daudet se trouvèrent, en effet, voisins pendant huit années environ. En 1849, le père des Daudet avait quitté le Midi avec ses deux fils Alphonse et Ernest, pour venir continuer à Lyon son commerce de foulards. Des relations d’affaires devaient mettre en présence les deux familles.

Alphonse Daudet a noté dans le Petit Chose quelle impression d’isolement et de tristesse il ressentit à son arrivée dans la grande ville. Suivant les indications qu’il donne dans cette autobiographie que constitue, sur certains points, le roman célèbre, Alphonse Daudet était à cette époque « un enfant sauvage amoureux du grand air, du soleil et de la liberté vagabonde ». Ne jouait-il pas lui aussi à Robinson dans la vieille usine du Languedoc ? Une étroite intimité s’établit rapidement entre les deux parents. Les Daudet habitant près de la place des Carmes, le père de Louis Mouillard invita M. Daudet à envoyer ses enfants jouer avec les siens dans le grand grenier. Il est à penser que le jeune Louis, avec la vive spontanéité de son âge, dut faire partager ses rêves au futur romancier. En tous cas, là se noua une amitié qui devait se prolonger presque toute la vie.

Louis Mouillard adolescent n’a pas de jeux futiles ; l’esprit surexcité par les difficultés qu’il aperçoit, il ne connaît plus qu’un rêve : imiter le vol des oiseaux.

Cette préoccupation l’accompagna au collège, lorsque l’année 1850 ramena le cours régulier des études. Le frère Onésime :, qui était élève aux Lazaristes en même temps que Louis Mouillard, en 1850 et 1851, nous a