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APPAREILS AÉRIENS

négligé, car il ne servit qu’à la porter sur un mur où elle se posa.

Mais tout ceci n’est rien comparé à la force des très petits oiseaux. Elle est si grande qu’on fait mieux de n’en pas parler, car il est attristant de comparer la faiblesse humaine à ces petits êtres si excessivement doués de la puissance musculaire.

Si nous envisageons les grands voiliers, nous les trouvons également pourvus de muscles formidables, infiniment moins assurément que ceux des rameurs, mais qui, malgré cela, ne sont pas comparables à ceux de l’homme.

Les serres de l’aigle sont d’une puissance incroyable. Il faut avoir subi leur pression pour s’en persuader. Une expérience au dynamomètre serait bien instructive, mais comment s’y prendre pour la réussir surtout pour faire donner à cet organe de préhension toute son énergie.

La serre agit non seulement par la perfection de sa grille, mais par sa force brutale. C’est une main qui me semble capable de supporter un poids dépassant de beaucoup 50 kilog. : soit dix fois au moins le poids de l’oiseau.

Mon brave chien Bobo en ressentit un jour les effets : j’avais démonté un aigle qui passait à portée. Mes chiens de chasse se précipitèrent vers lui, mais la vue du grand rapace couché sur le dos et présentant ses huit terribles griffes, chacune longue comme le petit doigt, les fit réfléchir. Bobo, sans hésitation, fondit sur lui et reçut les deux coups de serres aux deux épaules. Enragé de douleur il mordit l’oiseau tant et tant que mort s’en suivit. Mais la bête ne lâchait pas pour cela. Je fus obligé de lui venir en aide et d’ouvrir de force ces serres qui semblaient être fermées à un cran qui en empêchait l’ouverture.

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