Page:Le vol sans battement.pdf/300

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
292
LE VOL SANS BATTEMENT

rapidité du battement. Ce mouvement cadencé et lent permet l’avertissement des molécules ; la matière jouit alors de ses facultés de résistance. Par ce procédé on esquive cet écueil, mais une autre difficulté se présente, le bras de levier devient tellement long, la force initiale demande à être si grande, qu’on s’aperçoit de suite qu’on n’a fait que déplacer la difficulté.

C’est, en somme, un cercle vicieux dans lequel on tourne, et que Celui ou Celle qui a organisé la mécanique des oiseaux n’a pas tranché.

Dans la nature, le rameur a toujours une masse minime. Le kilogramme est la limite, je ne dirai pas extrême, mais usuelle : grands corbeaux, ramiers, etc. Le calos, le goura, etc., sont bien aussi des rameurs qui dépassent de beaucoup ce poids, mais ils sont bien loin d’être des oiseaux de grand vol comme le sont le corvus corax et le grand ramier des squares de Paris (columba palumbus).

Une autre particularité des rameurs est la force exceptionnelle dont ils disposent. Les petits oiseaux, surtout, sont d’une puissance dont on n’ose parler de peur d’errer complètement soit en exagérant, soit en atténuant outre mesure leur force.

Qui ne se souvient de ce fait qui dû arriver à tous ceux qui touchent les oiseaux : un pigeon qu’on attrape par la queue et qui sous l’effort d’enlèvement vous laisse toutes ses plumes dans la main. Le petit passereau tenu par une patte et qui se la brise en se retournant au vol. Je dis quelque part qu’une chouette que je retenais s’est brisée l’os de l’aile en ramant pour s’enfuir, et mille faits pareils qui nous disent que l’oiseau est fort à ne pas s’en faire une idée juste. J’ai vu une tourterelle qui, en cinq battements, s’est élevée verticalement de 7 mètres 85 centimètres, encore le dernier coup d’ailes peut être