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APPAREILS AÉRIENS

n’ont qu’à essayer, ce qui a été fait, d’actionner un grand appareil rameur par un tuyau élastique de vapeur et ils verront qu’ils obtiendront le brisement des ailes et non l’enlèvement.

L’aile au delà de trois mètres de longueur, soit six mètres d’envergure, et plutôt moins que plus, semble avoir dépassé la limite de la résistance des matériaux ; et cela, sans lui donner d’effort à produire, rien qu’en la faisant se mouvoir à vide : telle est la borne que semblent m’indiquer trois expériences qui m’ont été communiquées par des aviateurs qui se tiennent hors du cénacle qui s’occupe de cette question.

L’effort nécessaire pour procurer à l’aile une vitesse utile est tel qu’il dépasse la résistance des corps employés pour remplacer l’os, et cela soit qu’on s’adresse aux bois légers, aux tubes d’aluminium, aux fers à T, aux caisses de bois ou de celluloïd. Rien ne résiste à cet effort : le bras de levier est trop long.

Si maintenant nous tournons la difficulté, c’est-à-dire si on diminue autant que possible l’envergure et qu’on rétablisse autant que possible la surface indispensable en augmentant énormément la largeur, on rend l’aile impropre à l’enlèvement, à moins d’arriver à des vitesses d’évolution effrayantes, et c’est précisément l’écueil que nous voulons éviter. Ces ailes existent dans la nature, mais ces larges couvertures sont des plumes d’ornement : paons, lyre, argus, tous oiseaux qui ne font qu’ébaucher le vol, ne se servant de leurs ailes que pour se percher.

Si nous essayons de tourner le problème d’une autre manière, en augmentant considérablement l’envergure et en rétrécissant la largeur de l’aile, que nous imitions le planeur rapide, l’oiseau de mer, nous obtenons certainement et forcément un vol ramé d’une lenteur qui atténuera sensiblement l’effet de rupture causé par la