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LE VOL SANS BATTEMENT

Plus le rameur devient lourd, plus devient visible et facile à étudier, parce qu’il est gros, la prépondérance de l’en-avant sur le soutènement. Les faucons réussissent, au moyen de ces coups de ressorts, à se procurer une vitesse énorme, qu’on peut estimer par le calme à au moins cinquante mètres à la seconde.

Voilà ce que vous voulez imiter, aviateurs rameurs. Les ailes ne vous réussissent pas : toute substance est trop lourde et pas assez élastique. Alors la pensée s’est reportée sur l’hélice. Allons de suite à ce qu’on a fait de mieux dans ce genre, l’hélice du ballon dirigeable de l’Etat[1]. Quelle vitesse équilibre-t-elle ? A quelle rapidité de vent peut-elle suffire ? Peut-elle agir utilement dans tout courant d’air, quelque rapide qu’il soit ?

Il semble sensé de penser que, pour être utile, il faut qu’elle commence par dévider cette vitesse avant de pouvoir produire autre chose qu’un retard ; c’est donc très souvent avec 20 mètres qu’il faut tourner avant d’entrer en action. L’hélice telle qu’on la construit me semble bonne pour les vitesses faibles, mais pour atteindre les grandes rapidités, elle doit être faite différemment, moins naïvement que je les ai vu établies. Il faut l’hélice rationnelle et rien de moins. Mais ce serait sortir du sujet, passons et revenons-y.

L’acte de sustentation est donc chez le rameur infiniment plus minime qu’on ne l’envisage généralement, il se borne au départ, à la projection en avant qui est tout. Regardez l’hirondelle, elle se pousse toujours en avant, tout aussi bien quand elle descend que quand elle monte. Elle se fait tomber avec infiniment plus de rapidité que la gravité ne pourrait la solliciter.

C’est le véritable aéroplane à moteur, l’ascension, les

  1. Le ballon « La France », des capitaines Charles Renard et Krebs qui avait fait le premier parcours en circuit fermé le 9 août 1884