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LE VOL SANS BATTEMENT

brillants pécheurs furent donc proscrits : on s’en débarrassa. Mais comment s’y prenaient-ils pour s’emparer d’une truite en pleine eau ? Quand ce poisson part, il a la rapidité de la foudre : l’œil ne peut le suivre. Il disparaît et ne redevient visible que quand il est immobilisé, alors, c’est le repos tellement absolu qu’il faut la plus grande attention pour ne pas le confondre avec les pierres du fond de la rivière.

On voit donc que la tournure allongée en cigare n’est nullement la forme que procure la célérité ; témoin les serpents, l’anguille, la flèche et tous les poissons longs qui sont de faibles nageurs.

Les chercheurs de coupe de bateaux, flotteurs et sous-marins font fausse route en donnant à leurs œuvres cette disposition en longueur qu’ils croient la meilleure. Ils partent de ce principe qui semble logique à première vue qui est que le poisson nage bien. C’est le pendant de cet aphorisme : l’oiseau vole parfaitement. Ces deux principes sont, moins de rares exceptions, absolument faux !

L’oiseau quelconque vole toujours exactement bien pour pouvoir exécuter les besoins de son alimentation et de sa vie particulière ; il est toujours une merveille sous ce rapport ; mais si on envisage le côté défense, il est bien loin de compte. Ainsi, il est certain que si les gallinacés, les petits oiseaux, en général, étaient des merveilles de construction ils ne serviraient pas d’aliment aux rapaces nobles. Si un étourneau par exemple qui vole du vol moyen des êtres ailés, volait encore mieux, il ne se laisserait pas capturer par le faucon au beau milieu des airs sans essayer de se défendre. Le pèlerin, dans cette chasse, n’a pas plus d’embarras pour le prendre que nous n’en avons pour cueillir une fraise ; il arrive avec sa célérité épouvantable sur le pauvre oiseau isolé, paralysé par la peur et la malheureuse bête