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APPAREILS AÉRIENS

pleine masse liquide, et cela avec succès, puisqu’il en vit. Ces oiseaux ont même cela de particulier qu’ils ont un goût prononcé pour le genre scombéroïdes ; ils n’ont donc pas peur de la difficulté. Ces nageurs extra-rapides ne brillent pas par le vol. Leurs ailes sont des nageoires dont ils ne se servent même pas quand ils courent le poisson ; elles sont alors plaquées contre le corps, afin de ne pas gêner la pénétration ; les pattes et la queue sont les seuls propulseurs qui entrent en mouvement, et cette action est tellement puissante, la coupe de l’être est si perfectionnée, que la bonite, ce roi des rapides, est prise en pleine course, malgré ses bonds prodigieux, hors de l’eau, qui ont souvent plusieurs mètres d’amplitude : le grand manchot bondit comme elle et la capture en pleine action de vitesse.

Cette tribu d’oiseaux, les aptenodytes, ne peut être étudiée en Europe ; ils habitent l’hémisphère Sud. Le côté nord de notre globe a des nageurs, rapides de ce genre qui, malgré qu’ils soient bien moins brillants d’allure, sont cependant encore tout à fait extraordinaires sous ce rapport. Ce sont : les guillemots, macareux, pingouins, imbrins, enfin le cat-marin (colymbus septentrionalis), que j’ai possédé et étudié. Cet oiseau dans un bassin, est étourdissant, il plonge comme un poisson et nage bien mieux que lui.

La ville de Genève s’était offerte, il y a quelques années, des cormorans, qui sont des plongeurs remarquables. Ces oiseaux devenus très familiers pêchaient sous les yeux des spectateurs dans ce cristal bleu qui fait le Rhône. Des ponts et des quais, on pouvait suivre toutes leurs évolutions et assister à leurs pêches ; pas un de, leurs mouvements n’était caché. Cette transparence fut leur perte.

Les Genèvois remarquèrent qu’ils vivaient spécialement de truites ; et ce poisson est sacré à Genève ! Ces