Page:Le vol sans battement.pdf/263

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
255
APPAREILS AÉRIENS

un paquebot, réglant leur vitesse sur la sienne, ne montant, ni ne descendant, se tenant à la hauteur constante de 8 à 10 mètres de l’arrière du bateau et le suivant, des heures entières, sans donner un seul coup d’ailes.

Où ces oiseaux trouvent-ils la réparation de la chute inévitable ? Comment détruisent-ils cet angle de dix degrés avec lequel il faut choir fatalement tout perfectionnés qu’ils sont ?

L’aéroplane mouette règle l’angle de ses ailes de manière à filer tant de nœuds qui sont la vitesse du bateau à laquelle elle ajoute, par un calcul intuitif, la vitesse du vent. A cela elle joint de temps en temps, une correction fournie par le relèvement de la queue et un petit avancement des ailes, et elle parvient, par ce moyen, à suivre un bateau avec précision. Mais nous devons dire, que l’opération est tellement bien faite, qu’il faut avoir déjà trouvé la solution du problème, par les yeux de l’intelligence, pour que les yeux du corps puissent arriver à discerner ces manœuvres.

Et cette autre évolution bien plus extraordinaire encore : l’oiseau s’élevant contre le vent, non à la façon du pandion, mais au contraire lentement, sans présentation de plan sensible.

Le tour de main, dans ce cas, réside dans la dissimulation, extrêmement adroite, de l’utilisation de l’onde irrégulière du vent. Dans le pandion l’emploi du coup de vent est visible, dans l’aigle, elle est enveloppée, dissimulée au point de n’être presque plus discernable. Pour la cacher, il semble qu’il lui suffise de ne pas épuiser complètement cet apport d’ascension que lui apporte le coup de vent. Il conserve, par devers lui, une somme d’élancé qui sert à adoucir les angles de la ligne qu’il poursuit, ce qui fait qu’au lieu de produire une série d’angles, c’est par une droite, ou au plus par une