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LE VOL SANS BATTEMENT

daient le fleuve et que, de là-haut, ils surveilleraient leur proie, soit poissons, soit canards.

La note particulière de ce vol intéressant est la fixité, la tenue dans une couche horizontale de vent. Non seulement ce pandion est toujours absolument vent debout et il avance sur lui, mais ce qu’il y a de particulier, et que ne possèdent pas les grands vautours, c’est la faculté qu’il a de se tenir toujours au même niveau. Les gyps ont moins de tenue horizontale que ces oiseaux ; ils cèdent plus facilement devant la nécessité ; ils s’abaissent sans honte par une immense embardée pour satisfaire aux besoins de la lutte contre le courant. Le pandion, au contraire, semble avoir pour point d’honneur de ne jamais baisser.

C’est bien le vol le plus méthodique, le plus démonstratif qu’on puisse rêver. Il ne cède à rien, ne recule devant rien ; sa vitesse est toujours la même, sa direction invariable, bien autrement rigide que celle des vautours. Quand il monte, c’est avec une netteté de soldat à l’exercice ; l’évolution est simple, sans ambages, visible, d’une analyse facile, élémentaire ; on pourrait dire : une avancée lente contre le courant à laquelle succède une élévation, elle aussi contre le courant ; aucun orbe, aucun recul : c’est le vol mécanique.

Que peut-on désirer de mieux comme aspiration ?

L’étude de cet oiseau fait entrevoir que la science du vol est plus vaste qu’on ne le suppose. Il ne serait pas impossible que les grands volateurs inconnus aient à leur disposition des procédés nouveaux. Il reste encore a étudier beaucoup de grands oiseaux, par conséquent ceux qui doivent nous offrir le plus d’intérêt : le gypaëte, que je ne connais pas assez comme détails d’actes de vol pour pouvoir en parler, ne lui ayant vu produire que le vol de parcours ; le grand autour de l’Afrique Centrale dont j’ai eu des plumes ; deux grands vautours peu con-