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APPAREILS AÉRIENS

Le moteur était l’acide carbonique. Au moyen d’une outre de caoutchouc d’un centimètre d’épaisseur, de la contenance de vingt litres, de bicarbonate de soude et d’un peu d’acide sulfurique étendu, on obtient une pression qui se chiffre exactement. Un pareil récipient peut supporter facilement sans se rompre et sans trop augmenter de volume une pression de dix atmosphères. Il pèse, avec sa charge, cinq à six kilos. C’est en même temps le foyer, le laboratoire et la chaudière. On disposait donc ainsi de cent litres de gaz utilisable comme force motrice.

Il y avait à répartir ces cent litres en quinze fractions de volumes progressifs, puisque la pression, l’exiguité du récipient, allait en s’éteignant, ce qui était chose facile, et entre la course des pattes palmées.

Le but de cette rêverie, qui fut abandonné au reste ainsi que beaucoup d’autres choses, était d’arriver au grand appareil automatique, capable de porter le poids d’un homme.

C’est, comme on le voit, toujours la pensée d’habituer l’aviateur à ce mode curieux de véhiculation qui me poursuit. Il est clair que, si cet appareil était construit, la vue de cette expérience souvent répétée, ferait certainement naître chez une individualité hardie l’idée de remplacer la charge par un être humain. Et, si cette intelligence était bien persuadée, bien imprégnée du vol des voiliers, il est à peu près certain que le problème serait résolu.

Au reste, s’il est absolument constaté que l’effroi du vide est la véritable cause qui empêche l’homme de pratiquer l’aviation, et c’est mon opinion bien arrêtée, les appareils automatiques sont la seule voie à suivre pour le décider et l’accoutumer à ce mode de translation qui ne doit pas plus donner le vertige que n’en donne l’aérostat.