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LE VOL SANS BATTEMENT

téressant. Que ne donnerait-on pour avoir cet appareil !

Il est parlé, dans tous les ouvrages, de l’aviateur Dante et de ses évolutions sur le lac Trasimène. A quel système ranger l’appareil qui lui a procuré un tel succès ? Car ou le récit est faux, ou il y a eu succès absolument complet. L’accident qui lui survint ne signifie rien au point de vue de la réussite ; il n’infirme rien des procédés employés par Dante. C’est comme si on voulait nier l’existence des modes actuels de locomotion parce qu’il arrive des accidents.

Qu’a-t-il employé ?

A l’époque où fut réussi ce problème que nous recherchons encore aujourd’hui, la mécanique était dans l’enfance : on peut dire que tout était ignoré. Dante fut donc obligé de se servir d’un appareil tout à fait élémentaire, car où trouver le moteur d’un rameur à cette époque où la vapeur et l’électricité n’étaient pas nées ? Puis, la tradition nous relatant le fait parle d’un grand fer qui s’est rompu, d’ailes, enfin elle donne l’impression d’un aéroplane. Dante avait donc trouvé le vol à la voile ; et il n’est pas possible de lui supposer une trouvaille {autre qui aurait été inexécutable à cette époque où rien en mécanique n’était faisable.

C’est donc très probablement le vol à la voile qu’il a utilisé. Nous sommes portés à le croire par une foule de considérations. Il avait fait ses premiers essais sur l’eau : excellente idée ! et s’il les avait continués sur le lac son malheureux accident n’aurait pas eu lieu. Les perfectionnements de l’appareil seraient survenus et l’aviation était une science acquise à l’humanité. Au lieu de cela il se laisse tenter par le désir de plaire au souverain, exécute ses expériences sur la terre ferme : un accident survient. Sur le lac ce petit malheur était un simple bain, sur terre ce fut une jambe brisée et l’aviation arrêtée dans son étude.