Page:Le vol sans battement.pdf/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
205
APPAREILS AÉRIENS

de terre et je ne pouvais l’atteindre ; et je glissais sans pouvoir m’arrêter. Enfin, mes pieds finirent par rencontrer le sol. Je tombai sur les mains, cassai une rémige, et tout fut fini. Mais quelle peur j’avais eue ! Je me disais que si un simple léger coup de vent arrivait il me lançait à 10 ou 15 mètres en l’air, et que là-haut j’étais renversé forcément et que je retombais sur le dos. Je savais cela parfaitement, je connaissais les imperfections de mon appareil et les effets qu’il devait produire. Je n’avais pas pu m’offrir un aéroplane complet.

Heureusement tout se termina bien. Je mesurai ensuite la distance qu’il y avait de la marque de mes pieds au bord de la route et je trouvai 42 mètres.

Voici ce qui a dû arriver. Par le saut j’atteignais une vitesse de 5 à 6 mètres, et, au moment où je franchissai le fossé, j’ai rencontré une bouffée de la brise qui essayait de s’établir. Elle avait probablement 4 ou 5 mètres de rapidité, ce qui fit un total... capable de me supporter.

Je ne dirai pas que j’ai eu là l’occasion de savourer les voluptés de la vitesse, non, loin de là, — j’avais trop peur ! − mais cependant je ne saurais oublier cet étrange effet de glissement que je ressentis.

Comment se fait-il qu’après une expérience pareille je n’aie pas continué mes recherches pratiques ? En voici la raison dans toute sa simplicité. Le fait se produisait en 1865 au mois d’avril. Je ne voulais plus me servir de cet aéroplane incomplet et me proposais d’en construire un autre que je pourrais diriger exactement. Au mois de septembre, les circonstances voulurent que je louai ma ferme ; je quittai l’Algérie et me fixai en Egypte. Là, .je ne retrouvai plus les conditions d’expérience que j’avais dans la Mitidja : j’habitais une grande