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LE VOL SANS BATTEMENT

ter, dans les cas difficiles. Il est vrai que nous n’en sommes pas encore là ! mais excès de bien ne nuit jamais. Nous devons donc le classer dans nos souvenirs comme un professeur des hautes études. Il n’a en somme qu’un défaut, mais irrémédiable, c’est sa faible masse. Cette légèreté fait que ses évolutions manquent d’ampleur ; aussi, malgré sa grande surface, est-il souvent rameur.

Mais, il est est des jours où il est sublime. — Etonnant ne rend pas ma pensée. — Certain vent particulier, un état spécial de l’atmosphère, l’engagent à exhiber ses tours d’adresse les plus extraordinaires.

C’est alors qu’il produit ces chutes effrayantes de mille mètres de plongée. Il ne permet pas l’accélération excessive — c’est vrai, — mais cependant, ses ailes fournissent tout à fait l’aspect d’un météore fendant les airs.

Après l’avoir YU vivre, voyons-le mourir.

Beaucoup de personnes ont dû se demander comment meurt un oiseau dans la vie sauvage.

Je parle seulement des grands volateurs.

Je m’étais persuadé que l’oiseau, se sentant malade, restait philosophiquement à son perchoir, pour y attendre la mort.

En réfléchissant aux besoins de ces animaux, on arrive à penser que la mort doit ordinairement, ou au moins très souvent, être subite. La maladie d’un jour chez les granivores est la mort certaine par inanition. Chez les insectivores, la résistance à la faim peut durer un peu plus, mais ne dépassera probablement pas deux jours. Les rapaces sont privilégiés. J’en ai eu pour exemple mon grand aigle, que croyant mort, j’ai laissé cinq jours sans boire ni manger, et que, au bout de ce temps, j’ai trouvé perché, lisse, l’œil brillant, et jouissant de toutes ses facultés, surtout de celle de l’estomac.

Cependant, j’ai vu le fait suivant : un milan mourir