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ETUDES D’OISEAUX

comment les expliquer ; et cela, malgré la proximité qui permet de bien voir, la répétition de ces faits qui évite la surprise et procure à l’intelligence l’occasion de comprendre.

J’offre celui-ci au lecteur, qui sera peut-être plus heureux que moi, avouant que je n’y ai rien compris.

Depuis l’aurore se sont des criailleries de corbeaux interminables.

Je suis allé voir de quoi il retournait, et j’ai vu l’arbre, sur lequel ont niché mes amies les corneilles mantelées, envahi par un peuple de corneilles tout aussi mantelées qu’elles.

Ceci se passe sur les énormes lebecks qui sont à vingt pas de mes fenêtres.

Il faut dire que les petits sont grands ; ils volent presque comme père et mère, et vont déjà se promener sur les terrasses voisines.

Tous les matins j’ai à peu près ce concert depuis quelques jours, mais cependant beaucoup moins intense. Il se tient tantôt sur le dôme de l’église, tantôt ; sur un observatoire à côté.

Ce matin, l’arbre, la demeure conjugale, là où sont les deux nids, le vrai et le faux, sont criblés d’oiseaux noirs qui gueulent, qui braillent à tue-tête. Je crois comprendre les mots : en avant, en route ; le go on des Anglais le traduit mieux.

Il faut voir le père et la mère corbeau ! Quelle rage ! Ces insolents visiteurs n’ont-ils pas eu le temps d’aller dans le vrai nid voir… la couleur du linge sale.

Le mâle a piqué sur ce tas de curieux qui s’est rondement éclipsé, mais non sans de fortes moqueries en style crôo. Ils ont alors chargé ensemble, père et mère, et les trois quarts de la bande sont allés sur l’observatoire en face et de là les ont incendié de jurements : on aurait dit des femmes arabes.