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CORBEAUX ET MILANS


Je mets ensemble ces deux oiseaux de vol absolument différent parce que ce sont des voisins. Ils naissent, vivent, chassent et meurent ensemble.

Malgré qu’ils soient loin d’être des amis, la proximité perpétuelle, les appétits semblables, établissent entre eux une connaissance telle que la disparition de l’un semble presque affecter l’autre. Cependant les rapports qu’ils ont n’ont lieu qu’à coups. de bec ou de serres. Ce n’est pas le milan qui attaque ; il est bien trop pacifique pour cela, ce sont ces endiablées corneilles qui ont toujours quelque niche féroce à faire, entre autres voler les œufs.

J’ai en face de ma fenêtre deux gros arbres ; sur l’un nichent mes milans, sur l’autre mes corneilles. J’emploie le prénom possessif, parce que la connaissance est telle entre nous, et si ancienne que je considère ces oiseaux comme une partie de mon bien. Il y a vingt ans que j’habite cette maison. Le couple de milans est le même que le jour de mon arrivée. Quant aux corbeaux il vient de leur arriver un malheur, la femelle est morte ces jours-ci. Elle est rentrée à ce qu’il paraît dans son nid pour y mourir.

Il était onze heures quand la nouvelle en fut annoncée par les cris des jeunes. À l’instant tout le voisinage corbeau fut sur l’arbre, et ce fut toute la journée un