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ETUDES D’OISEAUX

lots, on oublie les mouettes. Ces pauvres oiseaux désolés poussent des lamentations interminables. Ce sont des griii sans fin. Ils planent alors pour passer le temps et tournoient indéfiniment autour du bateau qui file cependant ses douze ou quinze nœuds, et qui malgré cela à l’air parfaitement immobile. Mais, quand arrive le coup de feu, quand les épeluchures tombent drues à la mer, alors il pleut des mouettes de partout, de l’avant, de l’arrière, de la nue : c’est une trombe tournoyante qui perpétuellement crie et se bat.

Tout cela, c’est le bonheur, le beau temps, la pâture abondante, la ripaille sur toute la ligne. Mais il ne fait pas toujours beau sur mer ! quand le temps est gros, que l’orage approche, quand la tourmente hurle dans les vergues, quand les montagnes d’eau ne sont plus qu’une masse d’écume peignée par ce vent affreux ; alors la vie de ces pauvres mouettes est terrible. Quelle action elles sont obligées de dépenser pour pouvoir résister à ce courant ! C’est à croire à chaque instant qu’elles vont être déplumées par l’orage.

Et cependant, non seulement elles résistent, mais même elles avancent contre ce vent qui vous force à tenir de la main votre passe-montagne qui emboite cependant bien.

Que la lutte pour la vie est dure, même pour ces oiseaux si bien organisés !