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LE VOL SANS BATTEMENT

che se précipite du haut du ciel. Ils tombent de là-haut, de trois ou quatre mille mètres, perpendiculairement’ comme des parachutes.

Les premiers arrivés ne sont plus qu’à cent mètres ; là on peut parfaitement les étudier. Leurs ailes sont légèrement repliées, leur vitesse de tombée est égale ; c’est la chute du grave sans accélération. Leur tournure est alors curieuse au possible ; ils n’avancent ni ne reculent, mais tombent simplement, lentement, sans aucune oscillation.

Et les points noirs apparaissent toujours au-dessus de la bête morte venant des quatre points cardinaux ; le cent est devenu des cents. Tout ce monde d’énormes oiseaux fait l’effet d’une trombe qui se tourmente.

Les plus rapprochés du sol, n’étant pas bien persuadés de l’inocuité de l’abord, commencent à planer à la manière habituelle pour étudier le sol ; cela fait une couche de vautours servant de base à cette énorme colonne sans sommet.

Puis toujours la descente, ces tournoiements immenses, insensés, qui vous donnent le vertige rien qu’à les regarder.

Cela dure jusqu’à ce que, l’étude finie, la bête jugée abordable, les plus affamés se précipitent sur elle.

Alors, survient un spectacle inouï qui défie toute description. La descente lente se transforme en une tombée frénétique. C’est à celui qui arrivera le premier. Tous ces oiseaux s’évitent avec une adresse incroyable. Les milans plongent entre toutes ces ailes étendues en poussant leurs cris stridents. Les percnoptères cinglent l’espace avec leur tournure d’arc tendu. Les gyps, jamais pressés, sachant qu’on ne mangera pas tout et qu’on leur cèdera toujours la place, choient silencieusement, sans précipitation, avec cette lenteur de ballon qui atteint la terre.