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ÉTUDES D’OISEAUX

savoirs particuliers. Le gyps fulvus a celui du planement excessif. Il plane même quand il sait qu’il ne peut pas monter. Comparez-le à un pigeon. A-t-on jamais vu pigeon planant faire autre chose qu’une descente ? Cependant il a de plus grandes ailes que le vautour.

Voyez-le avec un bon voilier qu’on a assez souvent sous les yeux en Europe : la cigogne. Quelle différence dans la tenue du vol ! Cette force de soutènement du courant aérien qui est insuffisante pour elle suffit amplement au Maître dont les ailes sont cependant bien autrement chargées que les siennes.

Il faut donc reconnaître à cet oiseau un savoir particulier que n’ont pas les autres.

Si nous éliminons les causes qui lui font frapper l’air : calme absolu et défense de son individu, nous pouvons dire, et cela exactement, qu’il ne rame jamais.

Ce n’est donc nullement une manœuvre accidentelle, c’est au contraire son vol permanent, celui avec lequel il vit de sa vie de chercheur.

Ce besoin de la recherche ne permet pas, au reste, un autre genre de vol. Ces oiseaux doivent, non seulement trouver l’animal mort, mais encore pouvoir attendre indéfiniment que la proie soit abordable. S’ils étaient obligés de ramer pour se soutenir tout le temps que les chiens, les hyènes, l’homme même mettent à prendre leurs parts du cadavre, ils se lasseraient assurément. Au lieu de cela, ils sont là-haut, en grand nombre, souvent une centaine et plus. On ne voit d’abord rien en l’air, mais en cherchant avec attention au zénith on finit par apercevoir des points presque imperceptibles qui se meuvent avec une lenteur curieuse. À mesure que la place devient libre, ces points grandissent. On distingue les vautours qui sont en descente depuis longtemps. Puis la dégringolade commence, l’avalan-