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LE VOL SANS BATTEMENT

lées sur l’air, il n’y a que la direction qui est un acte actif. Cette direction même, que nos sens analysent parfaitement, pondèrent avec la plus parfaite justesse, cette direction doit coûter peu d’effort.

Quand on voit un milan se torturer dans un faisceau de courants parfaitement inextricables, on a conscience que, rien qu’en direction, l’effort produit par l’oiseau est de beaucoup au-dessus de notre force musculaire et de notre activité vitale, mais le grand vautour ne produit pas du tout cette impression. On sent qu’on possède en soi assez de puissance de vie pour pouvoir reproduire les actes de direction si simples et si lents qui lui permettent de stationner dans l’air.

En le voyant bien, très attentivement, sans aucune idée préconçue, voilà l’effet qu’il produit :

Comme force dépensée, il n’y a rien au-dessus de l’effort qu’un homme de force moyenne ne puisse produire. On le sent, on en est certain, mais comme science du vol, comme précision instinctive de ces manœuvres, on sait de suite qu’on est loin de compte, que quand on sait beaucoup on sait encore trop peu, à plus forte raison quand on ignore le vol. Cependant on comprend que l’intelligence humaine est de taille à se mesurer avec ce problème, et que ce n’est en somme qu’apprendre à patiner, à nager ou à aller en vélocipède d’une autre manière.

Oui, c’est absolument la note particulière de ce vol : pas de force dépensée comme station ni comme direction.

Chaque être a ses dons, ses aptitudes particulières. Le grand vautour a celui du planement excessif. Il a l’horreur du battement ! On peut dire de lui qu’il est l’oiseau qui décompose le mieux le courant d’air et qui l’utilise avec le plus d’adresse.

Il y a des aptitudes différentes chez les volateurs, des