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ÉTUDES D’OISEAU

mité des nids : Gébel Geneffé, Gébel Attaka, Sinaï, en somme toutes les montagnes désert arabique.

Les nids sont à la distance de dix à cinquante lieues du Caire. Cet éloignement est peu de chose pour ces oiseaux qui volent ordinairement huit heures de suite et doivent fournir au moins deux cents lieues de parcours.

Ce qui les attire vers cette ville, c’est la grande quantité d’animaux morts qu’on met à leur disposition en les transportant à peu de distance, c’est vrai ; mais comme le désert commence aux portes de la ville, cette proximité n’a rien de gênant pour eux. Puis enfin parce que les pères et mères les mènent à ce point depuis une foule de générations et qu’en somme ils sont chez eux.

Malgré toutes ces facilités, les Cairotes ne connaissent guère plus que le Parisien cet admirable voilier.

Pour l’étudier comme je l’ai fait, il faut d’abord avoir le feu sacré, puis beaucoup de temps à dépenser, une bonne monture, et ne craindre ni la fatigue ni le soleil.

Je dois avouer, cependant, que les circonstances m’ont aidé à faire cette étude ; car, malgré qu’il y a une vingtaine d’années j’étais bien vigoureux, je n’aurais certainement pas osé braver le soleil de l’été comme je l’ai fait dans le seul but de les observer. J’avais à aller cinq fois par semaine aux écoles militaires où j’étais professeur. Ces écoles sont situées à quatre kilomètres en plein désert et je revenais en ville à midi.

À cette heure, personne n’est dehors ; le soleil est trop fort ; puis c’est le moment de la sieste, et tout le monde dort en été. Je m’en revenais donc à cette heure bénie, par une chaleur de quarante degrés, par cette lumière aveuglante qui danse sur le sable comme le feu d’un haut fourneau, garanti par une couffie, un parasol et des lunettes noires.