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LE VOL SANS BATTEMENT

Les mille lieues qui me séparent de Paris font que je ne puis me mêler aux débats de ta société [1].

J’aurais souvent beaucoup à dire, mais ma communication arriverait toujours hors de la saison, je viendrais forcément relancer une question oubliée ; il n’y faut donc pas penser.

Puis, bien réellement, je m’occupe peu de ce que font les autres. Je suis imperturbablement ma voie, ce qu’il me serait peut-être difficile de faire si j’habitais Paris.

En somme, la distance à laquelle je suis du centre de la société a du bon pour moi. Me trouvant, par le fait, de l’éloignement, tout à fait hors du courant, j’accumule les faits observés et les présente en bloc, avec leur rusticité, leurs imperfections, mais assurément avec la saveur particulière qu’offre toute étude faite consciencieusement sur nature. Je sens que c’est là ma force.

Tout ce qu’on peut dire m’est indifférent. On décidera que telle valeur est tout, que tel angle suffit ; je ne veux rien savoir de tout cela. Je n’écoute que la leçon du grand maître : l’oiseau, et je m’efforce de le redire.

On me reproduira, on présentera comme neuves des idées émises dans l’Empire de l’air, je n’y fais nulle attention. Ce n’est pas à moi de me défendre ; je ne le puis d’abord, étant trop loin, puis je sais que mon livre a une date.

Je ne rééditerai pas mes idées sur l’emploi excessif qu’on a fait des calculs, avant la publication de l’Empire de l’Air, et surtout depuis.

J’ai dit ma pensée assez clairement, il est inutile de me répéter. Cependant ici je dois dire que, depuis cette époque, loin de changer, cette appréciation s’est fortifiée.

  1. La Société Française de Navigation aérienne.