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LE VOL SANS BATTEMENT

décision atteignit Mouillard à une époque où il était dénué de ressources ; il ne pouvait se passer du concours de Chanute pour faire paraître son second livre. En outre, n’étais-ce pas beaucoup exiger que de vouloir d’importantes modifications à une œuvre mûrie tant d’années. Mouillard faible, isolé, crayonna pour toute réponse la réponse que nous avons lue au bas de son : manuscrit. Il mit le Vol sans battement dans un tiroir et n’en parla plus à personne. La mort survint.

À l’ignorance autour d’une œuvre vint s’ajouter le silence autour d’un nom…

Après la mort de Mouillard, six années se passent sans évènements notables pour l’histoire de l’aviation.

Et voici qu’une nouvelle, jugée tout d’abord invraisemblable par les chercheurs français, traverse l’Atlantique : deux jeunes américains, auxquels M. Octave Chanute a apporté son appui et ses conseils, ont trouvé la solution du vol par le plus lourd que l’air.

Le 23 mars 1903, MM. Orville Wright et Wilbur Wright déposent aux États-Unis d’Amérique une demande de brevet pour « perfectionnements de machines aérostatiques. »

Leur invention comprend, entre autres, la disposition pour communiquer une torsion aux ailes, et le gouvernail postérieur vertical mobile, ayant des drosses attachées aux cordes, produisant la torsion.

Les mêmes inventeurs demanderont le même brevet en France, l’année suivante (22 mars 1904).

En France, où l’œuvre de Mouillard est restée ignorée, on s’interroge à l’envi sur l’invention nouvelle. Quelle découverte particulière a permis aux Wright, inconnus hier, de se placer ainsi, d’un bond, en tête des aviateurs du monde ?