Page:Le vol sans battement.pdf/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
95
L’ŒUVRE IGNORÉE DE L.-P. MOUILLARD

bien désaccoutumé. Il en éprouve quelque confusion dont la trace s aperçoit dans une lettre qu’il écrivait à Madame Louis Camoin, sa nièce, le 15 mai 1893.

« Rien de neuf pour moi, dit-il, si ce n’est que je travaille comme un endiablé au Ministère…

« Comme caractère, je deviens de plus en plus le philosophe le plus accentué qu’on puisse rêver. C’est presque le Diogène que je devrais dire. Vous êtes un sage et assurément un heureux me disait dernièrement notre cher Monsieur de Reversaux, notre Ambassadeur [1], car, par une veine à n’y pas croire, nous nous trouvons avoir un Consul général qui est une merveille.

« Il est certain que je ne me plains pas ; je savoure tout doucettement les petites bouffées d’amour-propre satisfait que me procurerit les journaux américains qui parlent de ma personne. On m’a dit que la Nouvelle Revue de Madame Adam cause de moi [2].

« Je ne l’ai pas encore lue, je la recevrai ce soir. Au reste, je n’y fais plus guère attention à toutes ces appréciations ; je suis imperturbablement ma voie, qui est celle de l’étud’e, et laisse dire tout ce qu’on voudra. On dirait que les imbéciles du Caire commencent à s’en apercevoir ; ils commencent à me faire des risettes. Ce que cela ine laisse froid ! Que sortira-t-il de tout cela ? Je l’ignore. Au reste, nous le verrons bien. »

C’est à l’occasion du Congrès de la Navigation aérienne, qui se tint à Chicago les 1, 2, 3 et 4 août 1893, que Mouillard annonça officiellement qu’il avait écrit son nouveau livre.

  1. Mouillard commet une légère erreur, M. de Reverseaux était ministre plénipotentiaire au Caire, agent diplomatique, et non ambassadeur. Ce diplomate des plus distingués remplit par la suite les fonctions d’ambassadeur de France à Vienne.
  2. Allusion à l’article de M. G. de Contenson dont il a été parlé plus haut.