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et elle n’a cessé de recevoir des femmes des plus nobles familles. Pillée et incendiée vers la fin du XIIe siècle pendant la guerre des Plantagenets, elle fut reconstruite promptement. Elle fut comprise dans le périmètre de la deuxième enceinte et fit ainsi partie intégrante de la ville depuis le XVe siècle. On voit dans les vues cavalières de Rennes de 1616 et de 1644 ce qu’étaient à cette époque les bâtiments de l’abbaye. Les abbesses Magdeleine de la Fayette et Marguerite du Halgouët la réédifièrent de nouveau vers la fin du XVIIe siècle ; les bâtiments actuels datent de cette époque[1] : on a scellé dans les deux premières pierres deux plaques de cuivre armoriées et gravées d’inscriptions latines[2].

L’abbaye comprenait alors le grand bâtiment actuel de l’ancienne caserne Saint-Georges, — l’église qui occupait l’emplacement de la piscine municipale, — et trois bâtiments reliant ces deux constructions et formant deux cours intérieures :

1o Le bâtiment principal, aspecté au sud, a été commencé en 1670 ; il se compose d’un corps central et de deux ailes très peu saillantes[3]. On en voit un croquis de Lorette dans les Souvenirs de Rennes, par M. Ducrest de Villeneuve, et dans le Rennes Illustré, par L. Decombe. P. 236.

Le bâtiment central repose sur un soubassement en granit, percé d’autant d’ouvertures que lui ; il comprend un rez-de-chaussée et deux étages. Le rez-de-chaussée est percé de dix-neuf arcades cintrées fort élevées, portées sur des piliers carrés en granit : une longue galerie voûtée en arêtes sans nervures s’étend derrière ces arcades ; son mur intérieur présente, vis-à-vis de chaque arcade, deux ouvertures superposées. À l’extrémité ouest de la galerie se trouve une niche cintrée, entourée d’un rectangle que forme une moulure torique soutenue par une console mutilée, sur laquelle on voit une tête d’ange ; l’intérieur du cintre est rempli par un demi-soleil rayonnant ; au-dessus s’élève un fronton arrondi orné d’une guirlande de fleurs et de fruits et coupé à son sommet par un bouquet de fruits enveloppé de trois feuilles d’acanthe. La galerie est mise en communication avec l’extérieur au moyen d’un double perron monumental à balustres[4]. Ce perron a été construit en 1679 par René Moussein, Me architecte à Rennes[5].

Chaque étage est percé de dix-neuf fenêtres. Au-dessus du premier, une suite d’ancres forme en majuscules romaines le nom de l’abbesse qui a construit la plus grande partie de l’édifice : MAGDELAINE D. L.

  1. Pouillé de Rennes, par le chanoine Guillotin de Corson, I, 257.
  2. Ibid., II, 275.
  3. Ibid., II, p. 274 et suivantes.
  4. Géographie pittoresque d’Ille-et-Vilaine, par A. Orain, p. 55. Dessin
  5. Communication de M. de la Rogerie.