Page:Le venin des vipères françaises.djvu/208

Cette page n’a pas encore été corrigée

L’année suivante et les trois autres années suivantes, en tout quatre ans, à la même époque (autour delà Saint-Jean), retour dos mêmes accidents, même traitement ; même résultat au bout d’un mois.

Depuis le mois de juillet 1860, je n’ai plus revu la malade, soit qu’elle ait changé de médecin, soit qu’elle se soit soustraite à toute espèce de traitement.

Il y a quelques jours, enfin, j’ai eu l’idée de demander de ses nouvelles à une femme de Pradines, sa voisine. « Elle est morte m’a répondu celle-ci, il y a peu de temps, après avoir éprouvé les mêmes accidents toutes les années, sans exception, à la même époque », c’est-à-dire au dixième retour si singulièrement périodique de son mal.

OBSERVATION XXXIV

(M. Thomas, naturaliste à Nantes. — Rapportée par M. Viaud-Grand-Marais. (Gazette des hôpitaux, Paris, 1868, no 62, p. 245.)

Vers le milieu du mois de septembre 1836, un homme de Vertou labourait un champ près des Sorinières et suivait nu-pied sa charrue. Le soc heurta un aspic rouge de forte taille, qui se rua sur le malheureux cultivateur et lui enfonça profondément ses deux crocs au-devant du cou-de-pied gauche. Le blessé vigoureux et dans la force de l’âge ne put continuer son travail. Il plaça au-dessus de son genou une ligature qui n’empêcha pas la tuméfaction d’envahir en moins d’une demi-heure le membre entier. Transporté chez un propriétaire voisin, il fut traité intus et extra avec de l’alcali, et de là, conduit à son propre domicile. Six semaines après, il boitait encore ; les ecchymoses n’avaient point complètement disparu, et les piqûres, transformées en ulcères, laissaient suinter un liquide sanieux, les troubles digestifs et même les nausées revenaient de temps en temps. Le blessé avait considérablement vieilli, il manquait de force pour les travaux dos champs, et mourut dix-huit mois après, sans avoir pu se remettre de cet état valétudinaire.