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dans d’autres cas, c’est que tout le côte droit (côté piqué), sur les membres comme sur le corps, était marqué de taches jaunes, noirâtres et rouges ; ces taches subsistèrent quelque temps encore après la guérison.

M. de L… nous a tout récemment affirmé (1855) que, depuis cet accident, il éprouve chaque année dans les premiers jours d’avril, époque à laquelle il a été piqué, des douleurs assez vives dans le bras droit et une lassitude générale, accompagnée de malaise : cet état dure une trentaine de jours.

OBSERVATION XXXIII

Effets incroyables d’une morsure de vipère.
(Barbier. — Gazette médicale de Lyon, 16 septembre 1867, no 92.)

Le 24 juin 1857, la femme Vivier, de Pradines, 50 ans, laveuse, se rendait à trois heures du soir à la rivière. Sur son banc à laver elle aperçoit une vipère enroulée comme une aune de boudin et faisant la sieste au soleil. Elle s’approche doucement, et d’un coup de son batillon, elle écrase le reptile qui rend son âme, se déroule et s’en va à vau l’eau ; puis, la conscience tranquille, elle se met à l’ouvrage.

Le deuxième jour rien ; le troisième jour, étant à la messe, la femme Vivier est prise d’une lipothymie suivie de frissons, nausées, etc., la main enfle. Le quatrième jour, elle fait à pied 16 kil. pour venir me consulter à mon cabinet. L’avant-bras droit est œdématié jusqu’au coude, le dos de la main l’est plus encore, en même temps qu’il est bleui et couvert de phlyctènes. Je m’assure que la main n’offre aucune écorchure. J’aperçois seulement une érosion sur la face interne et inférieure de l’avant-bras, une usure de l'épiderme par l’action de laver ; c’est par là sans doute qu’a du s’effectuer l’absorption du venin.

Je pansai et Dieu guérit la malade en un mois.