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4o Accidents chroniques de Échidnisme

OBSERVATION XXXII

(M. Thinus, rapportée par M. Souheiran dans son livre : De la vipère, de son venin et de sa morsure, Paris, 1855, p. 88-83.)

Au mois d’avril 1849, M. de L…, homme de 35 ans, d’une taille et d’une force pou ordinaire, sortant de déjeuner au château des Pressoirs, en face Thornery, aperçut une vipère qui, a son approche, se glissa sous un grès. Il eut l’imprudence, pour déplacer ce grés, de placer sa main droite dessous, et se sentit à l’instant piqué à l’index. Il tua la vipère, et sans s’occuper autrement de sa blessure que de la frotter un peu et de l’essuyer à plusieurs reprises avec son mouchoir, il se fit transporter de l’autre côté de la Seine et prit à pied le chemin de Fontainebleau.

Mais une heure à peine s’était écoulée depuis la piqûre, qu’il éprouva des frissons, des étourdissements, des nausées qui augmentèrent à tel point qu’il fut obligé de s’asseoir et perdit connaissance.

Il fut trouvé en cet état par des gens de Thomery, qui venaient à Fontainebleau avec une charrette, sur laquelle ils le mirent et l’apportèrent jusqu’à un hôtel de la ville.

On lui donna aussitôt quelques soins qui lui firent reprendre connaissance ; mais les vomissements et les selles continuèrent toute la journée.

Le médecin qui lut appelé lui avait d’abord une saignée, puis lui fit administrer des potions éthérées et ammoniacales, puis ensuite quelques prises de thériaque. Tous les accidents cessèrent dans les 24 heures, mais il lui resta pendant plusieurs jours une fièvre assez violente et beaucoup de malaise. La main et le bras restèrent pendant plus de trois semaines enflés et douloureux, et à la dernière phalange du doigt, à l’endroit de la piqûre, il se détacha, environ un mois après, une escarre de notable dimension.

Un fait très remarquable et que j’ai vu se produire plusieurs fois