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vateur valeur à St-Amand-Tallende (Puy-de-Dôme), travaillait dans une vigne située sur le coteau de la Serre, près de St-Amand. Après son repas de midi, suivant l’habitude des gens de la campagne, il voulut prendre quelque repos ; il dormait depuis un quart d’heure environ, lorsqu’il sentit un corps froid s’agiter sur sa poitrine. Il y porta instinctivement la main, mais ce mouvement était à peine fait qu’il ressentit une vive douleur au-dessus du sein gauche ; il se réveilla en sursaut, et quelle n’est pas sa frayeur en voyant sous sa chemise entrouverte, une vipère énorme, par laquelle il venait d’être mordu et qu’il rejette avec effroi loin de lui. Son premier soin fut celui de la vengeance ; il se mit à poursuivre le reptile qui fuit devant lui et qu’il ne peut atteindre.

Aidé alors d’un de ses compagnons, qu’il réveille, B… essaye de se cautériser avec deux allumettes enflammées ; il se frictionne ensuite vigoureusement avec de la terre sèche à laquelle les gens de nos campagnes attribuent une vertu curative. Mais sentant ses forces défaillir il se rend à St-Amand, soutenu par son camarade. Là il va trouver un des médecins de cette localité. Quand il arriva chez notre confrère, le blessé était pâle, couvert d’une sueur froide ; il existait de la soif et des vomissements ; il n’y avait pas encore de gonflement (trois quarts d’heure après l’accident). On fit alors une incision pour agrandir les piqûres, et la femme du blessé pratiqua des succions énergiques. On prescrivit des frictions avec de la flanelle chaude, une potion à l’ammoniaque. Cette dernière préparation fut même appliquée sur la plaie.

Néanmoins les forces allaient s’affaiblissant, et cinq heures après l’accident, le malade sentait ses extrémités se refroidir, les vomissements continuaient, et symptômes plus graves, une hémorragie assez abondante se déclarait par l’intestin et la vessie. Le vin chaud, le vin de quinquina furent inutilement employés pour relever les forces du blessé, qui, douze heures après avoir été mordu succombait présentant tous les symptômes d’une violente intoxication. On observait sur ce malheureux un engorgement œdémateux généralisé, et, par places des taches brunes, noirâtres, dues à l’épanchement du sang dans les mailles du tissu cellulaire. L’autopsie n’a pas été faite.