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et porta la main droite à terre pour s’appuyer. À ce moment il se sentit piqué sur la face dorsale de la main droite entre le pouce et l’index, par une vipère. (Il s’agit d’une Vipera aspis, femelle, qui ne renfermait pas de petits. Elle mesurait 67 centimètres de longueur et était à jeun). Il était environ 9 heures. La tête de la vipère resta fixée à la main, car elle n’avait pu dégager ses crochets. Il arracha le reptile de la plaie et lui écrasa la tête avec son soulier. Il suça ensuite la plaie, mais 10 minutes seulement après avoir été mordu.

Bidard ne parla d’abord à personne de son accident. Mais voyant sa main gonfler rapidement, il appela le sergent de garde pour être relevé de son poste. Au champ de tir, l’infirmier de service fit avec son canif un léger débridement de la plaie. Il n’y avait, en effet, qu’un seul crochet qui avait pénétré et il appliqua de la teinture d’iode. En même temps il plaçait un lien constricteur à la partie inférieure de l’avant-bras.

Le blessé fut alors dirigé sur l’infirmerie du 26e d’infanterie où il arriva vers 10 heures 45. En cours de route il avait eu des vomissements et une selle involontaire. À l’infirmerie, on lui fit aussitôt une injection sous-cutanée de permanganate de potasse aux environs de la morsure et on prescrivit du thé alcoolisé.

8 mai. — Vers midi ¾, il arrive à l’hôpital de Nancy, où le médecin de son régiment qui l’avait accompagné, M. le docteur Masson, fait séance tenante une première injection sous cutanée de 10 centimètres cubes de sérum antivenimeux. En même temps le lien constricteur est enlevé.

Trois quarts d’heure après nous voyons le blessé. C’est un homme vigoureusement constitué. Il est couché sur le dos, le membre supérieur droit étendu le long du corps. La face est pâle, légèrement couverte de sueur et exprime l’anxiété ; il se plaint de vertiges, de maux de tête et accuse une sensation de froid. Le pouls est petit, filant.

Sur la face dorsale de la main, dans l’espace compris entre le premier et le deuxième métacarpien, on trouve une petite plaie longue de 6 à 7 millimètres au centre de laquelle était la piqûre faite par le crochet. La main est considérablement tuméfiée, d’une couleur livide, avec quelques petites phlyctènes. Le gonflement remonte jusqu’au tiers supérieur de l’avant-bras, dépassant la trace très visible du lien constricteur appliqué au champ de tir. Les parties tuméfiées sont le siège d’un engourdissement.