l’éminence thénar, deux petits points noirs, écartés d’un centimètre, dans lesquels, avec une aiguille fine je recherche en vain les crochets. Cautérisation profonde au thermo-cautère et injection autour des points bruns de 3 centimètres cubes de permanganate de potasse au dixième. J’enlève la ligature, recouvre la plaie et l’avant-bras de compresses imbibées de permanganate au millième et B… retourne chez lui où je le revois à quatre heures de l’après-midi.
La journée a été tragique : douleurs intolérables dans tout le bras à demi fléchi et triplé de volume ; l’extension en est impossible ; l’œdème blanc verdâtre a gagné l’épaule ; la plus légère pression y est excessivement douloureuse et l’enfant pousse des plaintes perpétuelles ; dyspnée, le pouls irrégulier bat à 63 ; pas d’urines depuis ce matin onze heures. Pas de souffle au cœur, rien au poumon. Je fais dans la paume de la main 5 nouvelles injections de un centimètre cube de permanganate et fais donner du café très fort ; acétate d’ammoniaque 10 grammes. Puis je téléphone à l’institut Pasteur, pour avoir du sérum de Calmette ; mais il faut s’adressera l’institut de Lille, ce que je fais par dépêche.
Durant la nuit, le délire est continu : sueurs froides profuses ; quelques urines rouges. À huit heures du matin, 60 pulsations, pas d’albumine, la dyspnée est moins forte. L’œdème grossit, envahit tout le bras et a gagné la région pectorale jusqu’au-dessus du sein droit, la région axillaire s’empâte aussi. Sur la paume et sur le poignet, trois phlyctènes brunâtres de 2 centimètres de large ; cris au moindre attouchement ; anorexie ; hypothermie très sensible de tout le membre droit. Nouvelles injections de 5 centimètres de permanganate au dixième.
À trois heures, le sérum n’arrivant pas, j’injecte dans la fosse iliaque droite, un demi-litre de sérum artificiel et en fais prendre un demi-litre en lavement. L’enfant a un frisson violent à six heures ; il délire pendant quelques minutes, puis il est pris d’un accès de rire convulsif qui dure une demi-heure ; il s’endort à huit heures après avoir uriné et été abondamment à la selle ; la dyspnée paraît se calmer.
Le 14 à 7 heures, B… a bonne mine ; il respire normalement. Bien qu’il n’ait pas beaucoup dormi, il a passé une nuit calme, mais a été tourmenté par une soif vive. Les douleurs ne sont plus continues, le bas ventre dans le même état, sans nouvelles phlyctènes ; pouls à 80 égal et régulier. Malgré l’amélioration qui semble mani-