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sérosité safranée dont j’ai déjà parlé et pourtant aucune trace d’ictère n’apparaît.

Je cesse les potions phéniquées, les stimulants et j’alimente le malade

Le 2, j’applique une bande roulée qui est cette fois bien supportée. L’écoulement jaune continue toujours et ne cesse que le 8, époque où les plaies sont en pleine voie de cicatrisation.

Le malade fut longtemps encore avant de pouvoir se servir de son membre et, plus d’un mois après, il ressentait encore des douleurs tantôt dans le bras, tantôt dans l’avant-bras, et était loin d’avoir recouvré la force qu’il possédait auparavant.

OBSERVATION XIV

Piqûre de vipère aspis.
(P. Dumont, bibliothécaire de l’Université de Nancy. In Revue médicale de l’Est, 1901.)

Pendant les vacances de 1901, à Liverdun, le 21 août, à 11 heures du matin, j’ai été piqué par une vipère aspis de 0.59 m, que j’avais capturée une demi-heure auparavant et rapportée vivante dans un petit filet à mailles assez serrées pour croire à l’impossibilité de la sortie de la tête. La piqûre eut lieu quand, voulant saisir la vipère par le cou, à travers le filet, pour la montrer de près, j’approchais ma main gauche de ce filet, sans m’être aperçu que la tête était sortie par une maille. Un seul crochet me piqua la deuxième phalange de l’index, au milieu de sa longueur et à la partie supéroexterne. La douleur fut très peu vive, au point que je dus constater par la présence d’une goutte de sang, que j’avais réellement été piqué.

Ayant à Liverdun du sérum antivenimeux de Calmette, et une seringue à injection, qui m’auraient permis, en cas de symptôme tant soit peu alarmant, de me traiter par ce moyen, je résolus de faire l’expérience qui s’offrait à moi et me contentai d’opérer immédiatement une succion énergique (sans débrider la petite plaie).

J’estime à quatre ou cinq gouttelettes la quantité de sang que je