Page:Le venin des vipères françaises.djvu/176

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans le tas de pierres et y trouvèrent une vipère commune, de taille moyenne, de couleur assez foncée, qui fut tuée immédiatement.

À l’arrivée de B… dans mon cabinet, une heure et demie environ après la morsure, l’extrémité du doigt est pâle, exsangue, elle est tellement serrée par la ligature qu’elle est complètement insensible. On remarque près du milieu de la pulpe de la première phalange deux petites piqûres distantes de 7 à 8 millimètres qui ont déjà été cautérisées avec de l’ammoniaque. L’état général n’est pas mauvais, cependant le malade est agité, anxieux, il éprouve un certain malaise, son pouls offre 92 pulsations, et il a quelques nausées.

J’agrandis la plaie et je la cautérise avec un mélange d’acide phénique et d’alcool à parties égales. Je prescris une infusion de fleurs de sureau additionnée de rhum qu’on donnera aussi chaude que la malade pourra la supporter.

J’ordonne de faire prendre toutes les demi-heures une cuillerée de la potion suivante : eau distillée, 100 ; eau de menthe, 20 ; teinture de cannelle, 6 ; acétate d’ammoniaque, 10.

Puis je conseille ou malade de se rendre chez un parent habitant Toucy, pour qu’il soit plus à ma portée et que je puisse le visiter plus souvent.

Deux heures après on vient me chercher. Le malade a été couché dans un lit bien chaud ainsi que je l’avais recommandé, il a suivi les prescriptions exactement, mais il n’a pas transpiré. L’anxiété est vive, la face vultueuse, il a vomi plusieurs fois, le pouls petit et accéléré (112 pulsations), le corps froid, la voix basse et faible. Bien que la ligature ait été tellement serrée, que l’extrémité du doigt placé au-dessous soit complètement insensible, néanmoins l’avant-bras commence à se tuméfier. J’enlève cette ligature après l’avoir remplacée par une outre placée au dessus du coude. Je fais prendre du punch chaud, du café, et recouvrir le membre de compresses imbibées d’eau ammoniacale.

8 heures du soir. — L’état s’est légèrement amélioré, l’œdème n’a pas augmenté, les vomissements ont cessé. Bien qu’il y ait une anxiété précordiale très vive, que la face soit toujours violacée, la peau s’est réchauffée, le pouls est moins faible et moins accéléré.

Le malade ressent des fourmillements non seulement dans l’avant-bras au-dessous de la ligature, mais encore au-dessus.

Je prescris la continuation de la potion stimulante en éloignant