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faire prendre un peu de cognac à la malade si elle se sentait trop faible une fois la sudation terminée.

Le jaborandi tut pris vers deux heures de l’après-midi du 13 ; la salivation fut abondante et dura plus d’une heure et demie. La sudation, des plus copieuses, dura plus de deux heures, et une moiteur notable persista pendant toute la nuit et une partie de la matinée du lendemain ; la toux et le délire ont cessé les premiers ; la prostration beaucoup moindre permet à la malade de causer avec les personnes qui l’entourent, on la change de lit sans que l’évanouissement survienne ; à peine dans le lit où on vient de la coucher, elle s’endort d’un sommeil paisible, qui dure quatre heures ; au réveil, elle crie la faim et demande à se lever ; on lui représente que la nuit est venue et qu’il vaut mieux dormir. Elle passe une excellente nuit et veut sortir du lit dès le matin ; mais la fermière l’oblige, par précaution, à rester au lit toute la journée du dimanche 14. Le lundi enfin, la malade se lève, prétendant qu’elle est guérie ; de fait elle reprend ses occupations, malgré de vives douleurs dans le bras blessé ; l’oedème ne disparaît que très lentement, et existait encore trois semaines après l’accident.

OBSERVATION XIII

Observation de morsure, de vipère.
(Dr Louis Roché, de Toucy. — Bulletin de la Société médicale de l’Yonne. — Auxerre, 1887 ; tome XXVII, p. 49-55.)

Le 24 juillet 1886, à onze heures du matin, on amena à mon cabinet le nommé B…, de Maurepas, commune de Merry, qui venait, dit-on, d’être mordu par une vipère à l’index de la main droite. Cet homme, âgé de 30 ans, d’une force et d’une vigueur peu communes, était en train de remuer un tas de pierres, lorsqu’il se sentit mordu au doigt. Sans prendre même la peine de regarder quel était l’animal qui avait produit la piqûre, il se serra le doigt avec son mouchoir, retourna au village dont il n’était éloigné que d’une centaine de mètres ; là, un voisin, garde forestier, lui serra tant qu’il put le doigt avec une ficelle. Puis on le mit en voiture et on me le conduisit. Après l’accident, d’autres personnes fouillèrent