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Après avoir incisé la plaie crucialement, je fis rougir à blanc un cautère, que j’éteignis à deux reprises dans la plaie. Presque aussitôt les douleurs lancinantes cessèrent comme par enchantement. Je fis donner à la malade des infusions de menthe additionnées d’esprit de Mindererus. Les vomissements et les selles cessèrent ; quelques heures après, la malade était hors de danger, et au bout de deux jours elle ne souffrait plus que de la brûlure, qui demanda un mois pour guérir complètement.

OBSERVATION X

Cas de morsure grave de vipère. — Guérison.
(Dr Fredet, Union médicale, Paris, 1878. — Rapportée par Kaufmann, dans son ouvrage : Les Vipères de France, p. 42.)

L’année dernière encore dans ce même canton de St-Amand, à 18 kilomètres de Clermont, un paysan fut mordu à l’index de la main droite en voulant saisir une vipère cachée sous une touffe d’herbe. Voici d’ailleurs son observation :

Vendange, de Saint-Saturnin, âgé de trente ans, voulut saisir par la queue une vipère cachée sous une touffe de sainfoin, l’année dernière au mois de juillet. Le reptile, irrité, le mordit à l’index de la main droite, première phalange. On s’empresse autour du blessé, on frotte les piqûres avec de la terre (la terre enlève tout venin dans notre pays). Un châtelain du voisinage accourut sur ces entrefaites, muni de son flacon d’ammoniaque.

On frotte le doigt et on invite le patient à boire quelques gouttes de cette liqueur dans un verre d’eau. Néanmoins, le blessé est pris de syncope, et l’on décide à le transporter chez lui.

Chemin faisant, M.  le Dr Morin, de Saint-Amand-Tallende, de qui nous tenons cette observation, rencontre ce malheureux, étendu sans mouvement sur un tombereau que l’on menait à bras.

« Vendange était glacé, dit le Dr Morin, le pouls était imperceptible, le visage bleuâtre, j’eus peine à saisir le mouvement respiratoire. Je résolus cependant d’agir comme si la vipère ne venait que de mordre. N’ayant pas ma trousse sur moi, je fis avec un canif une incision cruciale sur la face palmaire de la phalange