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Il résulte de ce fait, que j’ai cru devoir consigner ici avec détails parce qu’ils feront bien connaître la série des accidents produits par les piqûres de ce serpent :

1o Que la petite quantité d’humeur vénéneuse qui m’avait été inoculée par les morsures du Peliade Berus a déterminé chez moi, vieillard actif et vigoureux âgé de près de soixante-dix-huit ans, des accidents assez graves, et surtout une sorte d’insensibilité momentanée, pour donner à penser qu’une personne plus faible, plus jeune, et surtout un enfant, aurait pu {{corr|succcomber|succomber} à ces accidents ;

2o

3o Que j’ai eu le tort de n’avoir pas élargi de suite avec la pointe de ma lancette les petites piqûres, avant de les soumettre à la succion, surtout de n’avoir point exercé de suite une compression circulaire au-dessus de mes pouces.

OBSERVATION III

Piqûre de vipère chez une femme enceinte.
(Dr Lihoreau à Aigrefeuille, rapporté par Viaud-Grand-Marais. — In Gazette des hôpitaux. Paris 1868, n" 65, p. 258.)

Au mois de juin 1859, la femme N…, de Hautes-Landes, à Aigrefeuille, âgé de 27 à 28 ans, fut piquée au pied gauche par un aspic pendant qu’elle aidait à faire le foin. On exprima aussitôt sur sa blessure le jus de plusieurs feuilles de molène et l’on donna à boire à la malade une grande quantité de vin chaud et sucré. Deux hommes vigoureux la saisissant par les bras, la firent courir jusqu’à ce qu’elle tombât de fatigue et de vin. Elle fut ensuite mise au lit sous plusieurs couvertures. Un sommeil de 15 à 20 heures s’empara d’elle, tandis qu’une sueur profuse perlant à la surface de sa peau traversait couette et matelas. À son réveil la blessée n’avait qu’un souvenir confus de ce qui s’était passé et ne conservait qu’un peu d’engourdissement et d’œdème de la jambe malade. L’enfant vint au monde à son terme et en parfait état de viabilité.