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L’enflure s’étendit peu à peu du pouce sur le milieu de la main, mais le seul effet éprouvé était celui d’un engourdissement, J’essayai, mais en vain, par des frictions, des mouvements de flexion et d’extension, en maniant une canne et en malaxant la surface, de faire dissiper ce gonflement qui allait toujours en augmentant, et qui commençait à se manifester, quoique moins sensiblement, sur le pouce droit qui avait été soigné le second.

Je continuai de marcher, n’éprouvant aucun malaise, et il était environ quatre heures et demie lorsque j’arrivai au village de Brunoy, assez près de l’embarcadère. Me sentant légèrement fatigué, et précédent ma famille qui m’accompagnait, je voulus l’attendre un instant en m’asseyant sur une borne élevée qui bordait la rue ; mais à peine y étais-je placé que sans en avoir la conscience, sans avoir éprouvé la moindre sensation pénible, il paraît que je tombai en syncope, car je glissai, et j’étais couché sur le terrain lorsque mon fils, qui arrivait près de moi, m’aida aussitôt à me relever. Très ferme d’ordinaire sur mes jambes, j’étais étonné moi-même d’être tombé et de ne sentir aucun malaise.

Je me remis on marche ; mais au bout d’une centaine de pas, n’étant pas pressé par l’heure du départ, et apercevant sur le bord de la route une pile de planches assez élevé pour m’y asseoir commodément, je m’y plaçai ayant les jambes légèrement suspendues. Mon fils remarqua alors, sans que j’en aie conservé le souvenir, qu’il se fit dans l’une de mes jambes de petits mouvements involontaires et répétés qu’il attribua à une influence nerveuse.

Quelques moments après je continuai ma course. Arrivé à l’embarcadère, j’avais à ce que l’on m’a dit, le visage pâle et très altérée ; j’étais, en effet, dans un état de malaise. Je m’étendis sur sur un canapé, éprouvant quelques légers gonflements d’estomac. Je ne tardai pas alors à entrer dans un bon wagon et me plaçai près de l’une des portes. Là, pendant les trois quarts d’heure que dura le trajet jusqu’à Paris, j’eus deux ou trois soulèvements d’estomac qui me forcèrent à cracher, et comme j’étais à jeun depuis près de 7 heures, je n’eus point de vomissement ; il n’y eut qu’un seul rapport amer ou bilieux.

Arrivé au débarcadère, j’allais à pied, mais avec difficulté, à plus de deux cents pas, trouver une voiture qui me ramena à mon domicile. Comme le malaise persistait, je m’étendis sur un canapé pendant qu’on préparait mon lit. Au moment où je me levais pour