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on viendrait a bout de tout le reste ; et pour y parvenir, on donna au malade le lendemain matin une pareille dose de ce sol volatile de vipères, qui le fit suer de nouveau fort abondamment : la douleur du nombril cessa tout à fait, l’enflûre de l’épaule s’on alla entièrement, colle de tout le bras et de toute la main fut encore beaucoup diminuée ; de même que la rougeur et la douleur ; et pour ne pas laisser l’affaire imparfaite, encore que le malade se trouvât en un fort grand amandement, on luy redonna encore le jour suivant une pareille dose du même sel, et même on la réitéra encore le jour d’après pour la dernière fois ; en sorte que ce remède dissipa toute l’enflure, toute la rougeur, toute la douleur du bras, de la main, et du doigt même, où on se contenta d’appliquer un petit emplâtre pour cicatriser les incisions qu’on y avoit faites et qui furent consolidées trois ou quatre jours après, ce qui n’empêcha pas le malade de sortir et de vaquer à ses affaires ; de même que s’il n’eut jamais été mordu de la vipère.

OBSERVATION II

Duméril, in Erpétologie générale, t. VII, part. II, p. 1399-1854, rapportée par Soubeiran dans son livre De la vipère, de son venin et de sa morsure. — Paris, Masson, ed., 1855.

Le jeudi 11 septembre 1851, j’étais en promenade avec ma famille, dans la forêt de Sénart, près Paris ; je m’y livrais, comme de coutume aux recherches d’histoire naturelle. J’aperçus, au milieu d’une large allée peu garnie d’herbes courtes, un serpent qui la traversait rapidement. Il était environ 2 heures de l’après-midi. Trompé d’après un coup d’œil trop prompt, qui m’avait cependant permis d’apercevoir les plaques qui garnissaient au-dessus le devant de la tête de ce reptile, et même la raie brune sinueuse qui régnait le long du dos, je ne doutais pas que je voyais une couleuvre vipérine, c’est-à-dire un tropidonote qu’on rencontre assez fréquemment dans nos environs. Comme je ne devais pas en craindre de morsure, je me précipitai imprudemment sur ce serpent, que je saisis au milieu du corps avec la main droite pour l’enlever de terre ; mais ne l’ayant pas empoigné assez près de la