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bouillies dans du vin blanc, et de continuer toujours les onctions de l’huile de scorpions de Mathiole parmi ces fomentations.

Quoique cela fut fait bien soigneusement, on n’en reconnut pas pourtant un grand effet : le malade étoit dégoûté, et même il vomit une fois le boüillon qu’il avoit pris ; mais ce vomissement ne continua pas ; Il usoit toujours des mêmes remodes internes et externes, et des mêmes aliments, mais bien qu’il sentît ses parties en fort bon état, et qu’il ne sentit aucune chaleur, ni aucune douleur en tout le reste de son corps ; neanmoins celle du nombril étoit obstinée, et l’enflûre, la douleur, et la rougeur de la main et du bras augmentoient toujours, et dès le troisième jour elles avoient gagné l’épaule du même côté, et descendoient sous l’aisselle, sur toute la mammelle, et sur toutes les parties voisines, et même sur toute la région du foye, nonobstant l’usage continuel des fomentations, et des onctions d’huile de scorpions.

Toutes ces considérations, jointes à la saison fort chaude où nous Otions, faisoient appréhender que la gangrène ne se mit à ces parties ; on crût que les remèdes extérieurs, qu’on avoit jugé les plus utiles, n’avoient pas un bon succez, il falloit avoir recours aux internes ; c’est ce qui porta les médecins à luy faire donner le soir du troisième jour, une dragme de Contrayerva en poudre dissoute dans des eaux cordiales, avec autant de confection d’alkermès ; mais on ne reconnut aucune diminution ni de la rougeur, ni de l’enflûre, ni de la douleur ; au contraire, nous remarquions que l’enflûre sembloit vouloir gagner le côté gauche. Après avoir bien examiné toutes choses, on donna unanimement les mains aux instances que je faisois de revenir à l’usage du premier remède interne qui avoit porté le plus grand coup, et qui avoit manifestement opéré ; je veux dire du sel volatile de vipères. C’étoit le matin du quatrième jour après sa morsure. On luy donna donc une demidragme de ce sel volatile de vipère dissoute dans quatre onces d’eau de chardon bénit, et on le fit bien couvrir pour luy provoquer la sueur ; le remède opéra conformément à notre espérance et à nos désirs, car non seulement le malade sua très copieusement, mais il reçut un amandement très considérable en tous les maux qui luy restoient. Sa douleur umbilicale n’étoit presque plus sensible, l’enflure de ses lèvres et celle qui étoit survenüe à la région du foye, à la mammelle, et sous l’aisselle disparurent, et celle de l’épaule, du bras et de la main fut beaucoup diminuée ; de même que la douleur et la rougeur. On jugea de là, qu’assurément