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environ. Mais à chaque morsure le serpent n’inocule pas la totalité du contenu de ses glandes venimeuses, et ce contenu varie selon que le serpent est à jeun, ou selon qu’il a déjà mordu.

D’ailleurs la toxicité d’un venin varie selon l’espèce qui le fournit. Calmette a montré (pie si la dose mortelle en moins de 12 heures, de venin desséché, pour 1 kilogramme de lapin est de 0,25 milligrammes s’il s’agit de venin de cobra, elle est de 4 milligrammes s’il s’agit de venin de vipère péliade. Tandis que 1 gramme de venin de cobra tue 4.000 kilogrammes de lapin et a par conséquent une activité de 4.000.000, 1 gramme de venin de vipère péliade ne tue que 250 kilogrammes de lapin et son activité n’est que de 250.000 (p. 275, ind. bibl. 1). L’activité d’un venin augmente aussi à mesure que l’animal qui le possède est à jeun depuis plus longtemps.

Indépendamment de la quantité de venin inoculée, indépendamment de l’activité particulière à chaque espèce de venin, il faut aussi considérer le mode d’action qu’il exerce sur les organismes animaux.

C’est ainsi que l’action du venin de cobra ou Naja tripudians (Colubridée) se traduit surtout par des troubles nerveux et ne produit pour ainsi dire point d’action locale. L’action du venin de Vipera aspis (Vipéridée) au contraire, se traduit immédiatement par une réaction locale intense caractérisée par un gonflement avec coloration violacée de la peau et œdème plus ou moins considérable.

C’est ce qu’a vu Rogers (ind. bibl. 3), lorsqu’il distingue les venins en colubrines et vipérines, les premiers agissant par paralysie des centres respiratoires dans la moelle et les plaques terminales motrices des nerfs